Le SNEGQ a appris récemment le triste décès de Gilles Prud’homme, conseiller syndical depuis 2009 et militant de longue date à la CSD depuis 1994. Quelques semaines avant cet événement soudain, Gilles avait eu la générosité de se prêter à l’exercice d’une entrevue visant à publier le portrait de certains conseillers syndicaux.
Nous présentons donc ici l’essence de l’entrevue qu’il nous avait donnée sous forme d’hommage afin de souligner la vie et la carrière d’un homme dévoué à l’avancement et à la protection des droits des travailleurs.
Les débuts d’une carrière syndicale
Gilles a débuté officiellement sa carrière syndicale le 31 octobre 1992 lorsqu’il est devenu président de son syndicat affilié à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD). À travers son emploi de peintre automobile chez Mercedes-Benz Rive-Sud et les tâches syndicales qui s’accumulent, Gilles décide de se consacrer entièrement à la lutte syndicale en 2009 lorsqu’il devient conseiller syndical à la CSD. « D’ailleurs, la CSD m’a vraiment donné un excellent bagage de formation pour avancer dans le métier. Et finalement, en 2009, j’ai quitté mon emploi de peintre automobile pour devenir conseiller au SNEGQ à temps plein ».
Une carrière dans le milieu syndical en est une de dévouement. Pour Gilles, il ne s’agissait pas d’un travail, mais plutôt d’un mode de vie. Il tirait sa motivation principale dans la satisfaction de l’accompagnement des membres vers l’aboutissement des différentes causes ou conflits des employés de garage syndiqués du SNEGQ. Le simple fait de résoudre des problèmes et de sortir d’une négociation avec les gains nécessaires en main en plus d’une expérience enrichissante pour les membres justifiait tout le temps et les efforts pour y arriver. Malgré tout, les embûches font partie de toute lutte syndicale et Gilles soulignait qu’ il y a des journées qui sont moins faciles, des situations qui sont moins drôles, mais tu arrives toujours à un résultat. »
Au-delà des enjeux syndicaux, un homme présent pour supporter émotionnellement les membres
Le lien avec les employés de garage a toujours été un volet indissociable de son travail tout au long de sa carrière. Un conflit syndical peut devenir épuisant pour les membres qui sont impliqués, mais Gilles savait trouver les bons mots pour motiver les troupes et surtout porter l’oreille pour supporter émotionnellement les membres qu’il représentait. De façon plus globale, il était très fier des décisions prises par le SNEGQ afin d’appuyer les membres lors d’un conflit : « le SNEGQ a pris des décisions afin d’avoir un important fond de conflit pour supporter les syndiqués. Au niveau des moyens financiers, une allocation de soutien c’est beaucoup plus motivant pour les employés de garage dans leur processus pour se donner des conditions de travail plus humaines ».
Tirer des apprentissages de chaque conflit
À travers sa carrière, Gilles a vécu des conflits et des événements qui ont parfois été éprouvants, mais il savait toujours tirer des enseignements positifs pour les conflits à venir. Il nous relate ici son premier événement marquant de sa carrière.
« Passer à travers ma première syndicalisation en 1992 a été un événement très marquant. J’étais salarié à l’époque et je travaillais pour des concessions corporatives. Le nouvel employeur voulait avoir le dessus à tout prix sur les travailleurs. C’était un employeur très riche qui est arrivé aux négociations en Rolls-Royce. Ce n’était pas quelqu’un de foncièrement méchant, mais il refusait les vacances, baissait les conditions et ça, les employés ne l’ont pas digéré. Ça a été difficile, mais on a réussi et le parcours qu’on a fait ensemble, avec les autres garagistes, ça m’a montré qu’on pouvait passer à travers un conflit ensemble. J’ai compris l’importance d’être humain et j’ai réalisé tout le pouvoir de l’équipe et de l’entraide ».
Des paroles qui resteront longtemps gravées en mémoire
Gilles a toujours été fier de ce que le SNEGQ et la CSD pouvaient apporter aux membres syndiqués. Par son dévouement, il a su faire progresser les droits des travailleurs tout au long de sa longue carrière. Lors de l’entrevue, lorsque nous lui avons posé une dernière question sur ce qu’il souhaiterait voir comme réalisation au niveau des conditions de travail des employés de garage. Dans toute son humanité, il a répondu : « ce serait qu’il y ait une retraite décente pour tous les travailleurs. De se donner la capacité de pouvoir s’arrêter avant d’être trop fatigué pour en profiter avec un revenu décent. Le fonds de pension, c’est vraiment important ». Ces mots resteront longtemps avec ceux qui l’ont connu en sachant qu’il n’aura pas eu la chance de profiter de ce qu’il souhaitait à tous les travailleurs.
Encore une fois, le SNEGQ offre ses condoléances à la famille et à tous ceux qui l’ont côtoyé.